Pages

vendredi, octobre 03, 2008

En francés


Creo que se puede vivir en bilingue, incluso en trilingue. Cuelgo, para que hagan un esfuerzo de traducción, una fragmento de la novela que corrijo en francés, de la cual ya puse algunos fragmentos en otras ocasiones. Es una forma de fabricarla por entregas. Aunque no me digan nada, sé que la leen, y algunos comprenden, sienten conmigo.


Un jour, Benjamin et moi sommes restés pendant quinze jours dans l’appartement d’une amie à moi, un pigeonnier, plutôt, en plein quartier du Marais, à Paris. Là nous avons consacré un tel soin à jouir de nos corps, que, à la fin, j’avais peur. Qu’est ce qui nous restait, le cannibalisme ? Jamais je n’ai éprouvé ainsi l’envie d’un corps d’homme sans me soucier du mien, de sa sueur, de son volume, lui, tellement ignorant de ce qu’il était, de toute sa beauté brune et lisse. Benjamin avait alors pour moi quelque chose d’un saint, je le croyais incapable d’offense, incapable de mal réagir. Nous étions pauvres mais nous étions heureux, ou plutôt glorieux. Je pouvais dire du bout des lèvres un texte que moi, j’adorais. Je rêvais de tous ces endroits que j’allais lui montrer, le désert de Lima, la puna, son silence, son éternité et sa puissance. Je lui lisais des poèmes de Whitman, Baudelaire, César Vallejo, ou Rimbaud en caressant sa tête, pour apaiser un peu l’inquiétude qui nous rongeait l’intérieur.


Aucun commentaire: