Dos noticias importantes, la primera es Christine Angot y su nueva novela, Les marché des amants, y la segunda es Catherine Millet, que también ha publicado un libro sobre los celos (Jour de Souffrance), fenómeno psicológico muchas veces inexplicable. Ya me había hablado del tema cuando la conocí en México y me muero de ganas de leer el libro. Aquí copio una entrevista aparecida en Le Monde sobre ambos textos. Hablan de si la autoficcón es posible y qué piensa cada una de ellas sobre el tema... etc...
Un roman de Christine Angot, "Le Marché des amants", et un récit de Catherine Millet, "Jour de souffrance", font événement en cette rentrée littéraire. Les deux écrivains se connaissent, se lisent, s'apprécient. Nous les avons réunies pour un entretien. Leurs livres présentent des parentés et surtout des différences. Christine Angot met en scène une femme, la narratrice, et son amant, Bruno, qui appartient à une autre sphère sociale et culturelle. De son côté, Catherine Millet raconte, sans se ménager, la souffrance et l'effet de quasi-dédoublement que lui causèrent les incartades amoureuses de son compagnon, l'écrivain Jacques Henric. Un roman de Christine Angot, "Le Marché des amants", et un récit de Catherine Millet, "Jour de souffrance", font événement en cette rentrée littéraire. Les deux écrivains se connaissent, se lisent, s'apprécient. Nous les avons réunies pour un entretien. Leurs livres présentent des parentés et surtout des différences. Christine Angot met en scène une femme, la narratrice, et son amant, Bruno, qui appartient à une autre sphère sociale et culturelle. De son côté, Catherine Millet raconte, sans se ménager, la souffrance et l'effet de quasi-dédoublement que lui causèrent les incartades amoureuses de son compagnon, l'écrivain Jacques Henric.
Une partie de la critique a décidé de vous opposer, d'encenser Catherine Millet pour mieux démolir Christine Angot. Comment analysez-vous cela ? Catherine Millet : Il y a des gens qui préfèrent la guerre à l'amour, qui préfèrent nous imaginer dans une relation de rivalité plutôt que dans une relation d'amitié et de respect mutuel.
Christine Angot : C'est plus profond qu'une rivalité entre personnes. On a d'un côté un roman, d'un autre un récit. Cette question n'est pas anodine. Certes, nous avons des points de vue en commun et une lucidité en commun, mais elle ne s'exerce pas de la même façon et pas avec les mêmes moyens - l'oeil et l'oreille, ce n'est pas la même chose. Roman et récit, ça divise...
On a toujours contesté votre travail romanesque. En ce moment, on publie des photos de Christine Angot avec le rappeur Doc Gynéco, alors que, dans le roman, une narratrice vit une histoire, non pas avec un personnage social... Ch. A. : Mais avec un personnage littéraire. Globalement, ceux qui lisent le livre pour en faire la critique cherchent à traquer des faits. Il y a un déni du roman, du moins d'un certain type de roman. On m'oppose au récit de Catherine, qui, elle le dit, utilise un miroir, et le fait magnifiquement. Mais dans le roman on n'utilise pas de miroir. Un récit passe par l'observation, honnête et lucide dans certains cas, du reflet visible dans le miroir. Sur la représentation du réel par le reflet dans le miroir, tout le monde peut-être d'accord. En revanche, la transposition par l'imaginaire dérange, car le romancier impose sa vision sur la société, les personnages, sans autre preuve que le style.
Là, le personnage principal, Bruno, pour les critiques, s'en sort mieux que la narratrice... Ch. A. : Avant publication, il y avait une personne pas trop conne, l'écrivain, et un type assez abruti. Le roman a opéré un retournement. La narratrice est tarte, et lui est subtil, raffiné, etc.
C. M. : Je trouve très beau ce portrait de Bruno, inscrit comme une figure vraiment littéraire. Il y a beaucoup de figures de femmes dans la littérature, mais peu de figures d'hommes écrites par des femmes.
Catherine Millet, n'avez-vous pas le sentiment que des personnes conventionnelles aiment votre livre parce qu'il serait la rédemption de La Vie sexuelle de Catherine M. ?
C. M. C'est certain. Je m'attendais un peu à ce cliché. Cette crise de jalousie terrible n'était-elle pas une façon de payer ma liberté ? Ma réponse, c'est que l'on peut avoir connu ces terribles crises de jalousie sans avoir eu pour autant la vie très libre que j'ai eue. Donc autant en avoir profité.
Mais est-ce vraiment un livre sur la jalousie ?
C. M. Je suis partie avec l'idée de faire le récit d'une crise de jalousie. En avançant, j'ai compris que ce n'était pas tout à fait cela. Par certains aspects, ce Jour de souffrance s'apparente à la jalousie. Le fait d'espionner, de fouiller dans les affaires... Mais c'est aussi le récit de la fascination que j'ai éprouvée pour ce Jacques inconnu qui s'est révélé à moi, ou plutôt qui ne s'est jamais révélé, et aussi une réflexion sur le rêve éveillé, sur bien des choses...
Bruno n'est pas le seul personnage masculin du Marché des amants. Au début, il y a Marc. La lucidité avec laquelle la narratrice le décrit devrait l'inciter à se détourner de lui...
Ch. A. Pourquoi reste-t-elle ? Tant qu'on n'a pas compris... La lucidité... c'est elle qui me permet de commencer à écrire. Alors je peux construire mon personnage, faire les phrases. Moi, l'auteur, je vois les choses. La narratrice, elle, progresse à son rythme.
Vous pointez la différence entre auteur et narrateur, entre roman et récit. Pourquoi alors refuser le terme d'autofiction ?
Ch. A. : Il ressemble trop à "autobiographie". J'ai craint qu'une fois de plus on en déduise : "Ce n'est pas vraiment du roman." L'autofiction est portée par l'usage du "je". Si ce "je" est celui du miroir, je ne fais pas d'autofiction. Si on reconnaît que ce "je" peut s'élaborer dans l'imaginaire, alors oui, je fais de l'autofiction. Le roman, je le répète, n'est pas du témoignage. C'est pourquoi ce qu'il dit de la société est politique.
De plus, ce qui m'importe avant tout, c'est la restitution de "qu'est-ce qu'être vivant ?" On n'a que le détour du personnage pour savoir ce qu'est "être vivant" pour quelqu'un d'autre. On peut faire toutes les coupes du cerveau, jamais rien ne remplacera ça. C'est pourquoi le roman ne mourra pas.C. M. : En écoutant Christine, je me dis que finalement, en avançant dans mon récit, je me suis rendu compte qu'il me fallait presque l'écrire comme un roman du XIXe siècle. Un début très lent, pour faire entrer le lecteur, avant de plonger dans cette souffrance terrible. Et puis un dénouement.
1
2 suivant Propos recueillis par Christine Rousseau et Josyane Savigneau
Article paru dans l'édition du 29.08.08.
Abonnez-vous au Monde à -60% Réagir (7)